Le leadership féminin au cœur de l’évolution de la santé et de la recherche  - Fondation de la recherche pédiatrique
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Au Québec, bien que les femmes soient majoritaires dans le secteur de la santé, leur proportion diminue drastiquement à mesure qu’on accède aux postes de gestion, tels les cadres supérieurs et intermédiaires. En 2023, seulement environ 36 % des emplois de gestion étaient occupés par des femmes, même si leur proportion au secteur de la santé se rapprochait à 80% (Institut de la statistique du Québec, 2024). En effet, ces tendances ne se limitent pas uniquement à l’occupation d’emplois dans le secteur de la santé, et les biais de genre ont été également observés au sein de la recherche médicale. Selon l’Institut de recherche en santé du Canada (2024), «  la santé des femmes et des personnes de diverses identités de genre est négligée en recherche depuis des décennies, ce qui a donné lieu à des disparités en santé, à des lacunes dans l’accès aux soins et à un nombre démesuré de diagnostics erronés, voire à un manque de diagnostics ».  

Heureusement, nous assistons aujourd’hui à un virage important vers une médecine plus inclusive, qui tient enfin compte des besoins spécifiques des femmes. Et ce changement passe entre autres par des femmes comme Josée Saint-Pierre. À la tête de la Fondation de la recherche pédiatrique, elle n’est pas seulement une dirigeante, mais une voix forte dans le domaine. Entourée d’une équipe entièrement féminine, elle œuvre chaque jour à mobiliser des financements pour des projets de recherche couvrant des domaines clés tels que la santé mentale, le neurodéveloppement, la cardiologie et bien d’autres. Son objectif : améliorer concrètement la vie des enfants, des adolescent(e)s et leur offrir un avenir en meilleure santé.  

Dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes, j’ai eu le privilège de m’entretenir avec notre Présidente-directrice générale, Josée Saint-Pierre, pour discuter de la place de la femme au sein de la recherche pédiatrique. Dans cette entrevue, elle partage sa vision des avancées en recherche et explique pourquoi, aujourd’hui plus que jamais, il est essentiel d’aller au-delà des discours et de poser des actions concrètes pour des avancées scientifiques inclusives. 

La recherche au féminin  

La Fondation soutient une multitude de projets de recherche sur des enjeux variés, mais ces derniers temps, j’ai été témoin de nombreuses discussions concernant la santé des femmes, en particulier celle des jeunes filles. Josée souligne des problématiques peu abordées dans le domaine de la santé: « souvent, malheureusement, il y a des jeunes filles qui souffrent de dépression, pouvant aller même jusqu’au suicide, en raison des changements hormonaux qui surviennent avec l’arrivée des menstruations. C’est le cas pour plusieurs jeunes femmes et filles atteintes du trouble dysphorique prémenstruel (TDPM). Il y a des variations hormonales tellement drastiques que cela peut générer, sans qu’elles en soient toujours conscientes, des moments de grande souffrance ».  

À ce sujet, madame Saint-Pierre insiste sur la nécessité de discuter ouvertement de ces réalités afin de les prendre en charge plus efficacement. Pour Josée, « il faut ouvrir la voie aux jeunes filles pour qu’elles puissent discuter de toutes sortes d’enjeux. Que ce soit au niveau de la santé mentale ou physique, je pense qu’on doit les écouter et avoir l’ouverture de les entendre sur ces sujets. Quand j’étais plus jeune, on discutait peut-être moins de ces enjeux. Mais dans la réalité, plus on en parle, plus on trouve des solutions ». Elle souligne que, bien que ces discussions nécessitent du courage, de nombreuses jeunes filles et femmes font preuve de cette audace pour défendre un accès complet et équitable aux soins, et qu’il est capital d’être à l’écoute de leurs besoins. 

La santé des jeunes: un enjeu de taille 

J’apprends que la recherche pédiatrique présente évidemment ses défis et ses limites. J’ai demandé à madame Saint-Pierre ce qu’elle souhaitait voir comme changement pour mieux adresser les problématiques liées à la santé des jeunes filles, et sa réponse était claire : « qu’est-ce qu’on souhaiterait plus ? C’est d’avoir plus rapidement des résultats. C’est sûr que c’est cet aspect qui est le plus dur dans la recherche, il faut prendre le temps de bien faire les choses ». Cela dit, Josée insiste sur l’excellence de nos chercheurs en soutenant « qu’on est chanceux d’avoir une éthique vraiment forte au Québec avec des chercheurs et chercheuses vraiment investis, ce qui fait en sorte que cela prend un certain temps, mais nous avons des excellents résultats en bout de ligne ». 

Mère de trois jeunes femmes, Josée partage que l’une de ses filles est dans ce domaine-là par tout hasard. « Elle travaille fort et je me dis que ce n’est pas toujours simple. Surtout, il faut lui donner le courage de persévérer et d’être bien accompagnée dans sa carrière ». Josée conclut que l’investissement dans la recherche est ce qui propulse les avancées et les découvertes de demain, et qu’il est essentiel de continuer à encourager nos chercheurs et chercheuses.  

Je suis particulièrement fière de contribuer à une organisation qui place ces préoccupations au cœur de ses priorités. Que ce soit par des initiatives de sensibilisation à la santé mentale des jeunes filles ou, entre autres, par des projets de recherche sur les troubles menstruels, la Fondation œuvre activement pour faire évoluer les connaissances et améliorer la qualité de vie de tous les enfants.  

Une transmission de génération à génération 

Quand je lui ai posé la question si des femmes l’avaient inspirée au cours de son parcours, la réponse de Josée a été immédiate et enthousiaste. Elle a évoqué des figures féminines marquantes de son enfance et de son adolescence, en particulier ses enseignantes, qui l’ont poussée à explorer son plein potentiel. Elle a également souligné l’importance des femmes qui l’ont accompagnée dans ses activités sportives à l’école, des modèles de bien-être et de persévérance. Elles lui ont non seulement appris à prendre soin de sa santé physique, mais aussi à maintenir un équilibre entre sa vie académique et personnelle. Ce soutien, qu’il soit éducatif ou sportif, a été un pilier fondamental dans la construction de son identité et de sa carrière. 

Josée n’a pas été la seule à être inspirée par des femmes dans son parcours. Lorsque je suis arrivée à la Fondation pour ma première semaine de travail, plusieurs questions et sentiments me traversaient. Je me demandais qui j’allais rencontrer, si mes nouveaux collègues et moi allions bien nous entendre et si notre collaboration serait aussi fructueuse qu’espérée. Ce que j’ai découvert m’a profondément touchée : un environnement de travail où régnait une solidarité que je n’avais jamais connue auparavant. Une petite équipe, entièrement composée de femmes. Nous sommes aujourd’hui huit, occupant des postes de direction à la gestion, toutes présentes à différents stades de la vie et de la carrière professionnelle. 

Il est difficile de résumer en quelques mots la richesse d’un tel environnement de travail. Dans le monde de la philanthropie, où les femmes sont nombreuses, on pourrait croire que l’égalité est acquise. Pourtant, il ne suffit pas d’être majoritaires : encore faut-il que nos voix comptent réellement. À la Fondation, je découvre un modèle de leadership où la collaboration, l’audace et l’engagement façonnent chaque décision. Nos discussions sont franches, nos choix sont ambitieux, et nos actions sont guidées par une vision claire : faire avancer la recherche en tenant compte des réalités et besoins spécifiques de tous les enfants et adolescent(e)s. Au-delà du symbole du 8 mars, nous choisissons d’agir chaque jour pour un avenir plus juste et inclusif. 

En repensant à la conversation que j’ai eu avec madame Josée Saint-Pierre, je me rends compte à quel point la force des femmes réside dans leur capacité à se soutenir mutuellement, à ouvrir des voies nouvelles, et à faire avancer des causes essentielles comme la recherche pédiatrique.  

Josée, par son parcours et ses actions, est un modèle de résilience et de leadership. En elle et à travers la Fondation, j’ai découvert un engagement sincère et une volonté de transformer les défis en opportunités, non pas par principe, mais parce que c’est une nécessité fondamentale. Et c’est dans ce genre d’environnement que l’on comprend qu’il est essentiel de célébrer, d’écouter et d’amplifier les voix des femmes, non seulement aujourd’hui, mais chaque jour. 

Chloé Berland, Agente aux événements et communications

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