FUTUR : Projet de développement pour les peuples Inuits
2023-2024
L'avenir pour la jeunesse inuite, renouer avec la vie par le biais du développement individuel et communautaire
OBJECTIF PRINCIPAL
L’objectif principal du projet consiste à accompagner des jeunes de nation autochtone Inuits dans leur développement personnel et professionnel afin de leur garantir un bel avenir. Ce projet de recherche mené par Dre Gómez-Carrillo Castro du CUSM s’articule sur quatre volets : l’art, le mentorat, l’intervention de l’Arbre de vie et l’aide à l’évolution.
Le soutien que la Fondation de la recherche pédiatrique servira au démarrage du projet en fournissant les fonds pour la coordination entre les quatre volets et pour assurer la liaison entre les parties prenantes et les étudiants diplômés responsables du suivi des activités d’évaluation qui comprennent, entre autres, la rétroaction des participants, l’assurance de la qualité des évaluations et l’analyse des résultats.
CONTEXTE DU PROJET
Les peuples autochtones constituent la population qui croît le plus rapidement au Canada. Le taux de suicide des enfants autochtones est 5 à 7 fois plus élevé que celui des enfants non autochtones. Ces enfants sont trois fois plus susceptibles d’être pris en charge par la protection de la jeunesse que toute autre communauté au Québec.
Le projet Futur pour la jeunesse inuite est un projet d’intervention à quatre volets qui vise à promouvoir la projection des jeunes dans l’avenir en les reprenant là où ils en sont et en les aidant à se réengager dans la vie par le biais du développement individuel et communautaire.
Ce projet découle des expériences d’un psychiatre pour enfants et adolescents au Nunavik et d’un rapport indépendant sur le projet Futur pour la jeunesse inuite du Centre pour la santé mentale.
1- La portée du projet s’inscrit également dans le cadre de l’engagement.
2- De la politique jeunesse du Canada et du message « Inspirer » des avenirs sains” et du Centre de pédiatrie sociale Minnie’s Hope.
3- Un projet entièrement financé par la campagne The Children’s major – qui est un collaborateur clé dans la mise en œuvre des quatre volets.
En plus des services sociaux, des infirmières communautaires, des conseils de jeunes et des maisons familiales de toutes les communautés seront impliqués. Un groupe consultatif de jeunes et une consultation avec les anciens guideront le processus tout au long de son déroulement. Cela servira simultanément de base pour susciter l’engagement à long terme des jeunes.
Actuellement, la plupart des volets du projet sont basés au Nunavik, mais un partenariat avec les communautés cries sera possible dans une prochaine étape grâce à la collaboration avec le Programme nordique de l’Hôpital de Montréal pour enfants (Dr Mauger, psychiatrie, et Dr Morel, pédiatrie).
VOLET 1 : LES GUÉRISONS PAR L’ART
Les guérisons par l’art : objectif est de faire connecter l’art des jeunes Inuits avec les artistes autochtones pour favoriser la projection de soi et l’autoprojection dans le futur.
Le programme artistique est une réponse aux besoins et aux possibilités établis par l’une des pédopsychiatres dans le cadre de sa pratique régulière au Centre de santé Inuulitsivik en collaboration avec Institut culturel Avataq.
Les intervenants rencontreront des jeunes dont l’état est fragile ou la situation psychosociale est précaire. Lorsqu’ils sont soutenus et stabilisés, ils osent commencer à s’engager et à s’investir, à explorer leurs intérêts et recommencent à s’intéresser à quelque chose.
Les arts – sculpture sur pierre, perlage, dessin, film, photographie, chant de gorge, pour n’en citer que quelques-uns – aident les jeunes à traiter des traumatismes complexes et leur permettent de développer un sentiment d’identité, de retrouver leur autonomie et, avec du soutien, de rester engagés et de se préoccuper de quelque chose.
Il s’agit d’un processus clé pour sortir du désengagement traumatique de la vie et pour retrouver le désir de vivre et d’acquérir des perspectives.
Le désengagement, en tant que réaction à la négligence, à la déception chronique et aux traumatismes complexes, contribue à l’ennui et à la perte d’attachement et de sens à la vie, ce qui incite à prendre des risques et augmente la tendance suicidaire.
Pour prévenir le suicide, il est essentiel d’aider les jeunes à se projeter dans l’avenir et à être motivés par le présent, à rêver et à exprimer leurs espoirs. Ce type de développement de l’enfant et de l’adolescent nécessite un soutien proactif et un accès aux ressources. Encourager et favoriser l’orientation vers l’avenir par des actions concrètes accroît également la résilience et la persévérance. Ce faisant, on aide les jeunes à s’occuper d’autrui.
Un programme de mentorat artistique aide les jeunes à explorer leurs talents, aborde les principaux problèmes sous-jacents aux problèmes de santé mentale, favorise la résilience et encourage la création d’une communauté autour des arts pour les jeunes défavorisés, tout en soutenant les talents inuits émergents.
VOLET 2 : MENTORAT DES ESPRITS
Projet pilote de mise en réseau Nord-Sud de jeunes autochtones
Le programme de mentorat est une réponse aux besoins identifiés par l’une des pédopsychiatres dans sa pratique régulière au centre de santé Inuulitsivik. Les jeunes dont l’état est fragile et la situation psychosociale précaire peuvent oser rêver et envisager l’avenir avec espoir, une fois qu’ils sont soutenus et stabilisés. Cette évolution doit être soutenue de manière proactive.
Encourager et favoriser une orientation vers l’avenir par des actions concrètes augmente la résilience et la persévérance. Cela ouvre la voie à l’expansion de leur imagination, de sorte qu’ils passent de « l’audace d’espérer » à une projection soutenue de leur moi futur poursuivant la voie de leur choix. On aide ainsi les jeunes à se préoccuper de leur avenir et à s’imaginer en train de contribuer à leur communauté.
Ce faisant, un programme de mentorat répond aux principales préoccupations en matière de santé mentale, favorise la résilience et contribue à créer un réseau de soutien nord-sud parmi les jeunes Inuits. De plus, en encadrant les jeunes, nous augmentons la probabilité qu’ils parviennent à suivre des études postsecondaires.
VOLET 3 : ADAPTATION ET MISE EN ŒUVRE DE L’INTERVENTION « ARBRE DE VIE » DANS LES COMMUNAUTÉS INUIT ET CRIS
L’Arbre de vie est un outil de soutien psychosocial basé sur la thérapie narrative, élaboré à l’origine en Afrique de l’Est et du Sud pour aider les enfants vulnérables. S’inspirant de la métaphore de l’arbre, tirée du folklore zimbabwéen et de la pratique narrative collective, l’Arbre de vie aide les groupes et les communautés à surmonter des expériences de vie difficiles.
L’objectif de ce volet est de former des acteurs communautaires en tant que facilitateurs de l’Arbre de vie pour aider à mettre en œuvre la version culturellement adaptée de l’intervention de l’Arbre de vie dans de multiples contextes. Il s’agit notamment de mettre en œuvre le programme à Minnie’s Hope, au Group Home et au Family House, en collaboration avec les parties prenantes et les travailleurs communautaires.
Objectifs
- Soutenir les étudiants inuits des niveaux secondaires 3-4-5 et les récents diplômés du secondaire qui ont exprimé un intérêt pour l’enseignement postsecondaire, en les mettant en contact avec des mentors inuits qui étudient actuellement au CEGEP, au collège ou à l’université et qui ont une certaine expérience de l’enseignement postsecondaire.
- Utiliser ce cadre pour favoriser la création de réseaux entre les étudiants autochtones dans les différents établissements.
- Guider un sous-groupe de jeunes et d’étudiants mentors intéressés dans la mise en œuvre de l’évaluation à l’aide de méthodes de recherche participatives.
Les jeunes et les mentors ciblés s’exprimeront jusqu’à trois fois par semestre. Soutenus par YouthFusion, les mentors prépareront des vidéos d’introduction, dresseront un bilan après chaque session de mentorat et auront accès au soutien supplémentaire d’un pédopsychiatre en cas de situation difficile dans le contexte du mentorat. Grâce aux conversations avec les mentors inuits, les jeunes ciblés en apprendront davantage sur les défis et possibilités rencontrés à l’université et seront en mesure de s’imaginer en tant qu’étudiants postsecondaires.
Nous nous attendons à ce qu’ils soient plus motivés pour terminer leurs études secondaires et mieux équipés pour décider en connaissance de cause si l’enseignement post-secondaire est la bonne voie pour eux.
VOLET 4 : OSER RÊVER
Aider les jeunes à accéder aux ressources nécessaires pour poursuivre les intérêts, les activités ou la formation de leur choix afin de renforcer les groupes de soutien par les pairs et la stabilisation des jeunes en période de crise.
Ce quatrième volet vise à fournir les fonds nécessaires pour soutenir l’accès des jeunes aux ressources de loisirs et de formation de leur choix. L’équipe travaillera avec le conseil des jeunes, les services sociaux, l’infirmière communautaire, les travailleurs communautaires et la Maison de la famille à préciser les besoins et les souhaits des individus et des petits groupes. Compte tenu de la réalité sociale structurelle des communautés nordiques, en particulier dans le contexte de la COVID-19, les jeunes n’ont souvent pas été en mesure d’accéder à des loisirs et à des formations qui correspondent à leurs intérêts.
Il s’agit notamment d’amener les jeunes défavorisés en camping ou à la chasse et d’avoir la possibilité de proposer des ateliers stimulants adaptés à leur communauté, tels que la réalisation ou le montage de films, la sculpture sur pierre, l’écriture ou la poésie, la réparation de vélos, l’illustration ou le dessin, le théâtre ou la danse, le chant de gorge, la musique, etc.
Le financement permettrait de personnaliser les activités pour des jeunes ou des groupes de jeunes à risque en raison d’expériences traumatisantes en cours dans la communauté. Cela facilitera la création de groupes de soutien par les pairs, la stabilisation des jeunes et l’orientation future. Une collaboration avec Vélo Québec et Wapikoni Mobile est en cours.
ENGAGEMENT DE LA COMMUNAUTÉ
La communauté participera activement au projet par le biais d’un conseil de la jeunesse,
d’une consultation avec les anciens, d’un artiste inuit, d’un centre culturel inuit et de
l’embauche de jeunes travailleurs locaux, qui pourront être formés à la prestation de
services.
Les participants profiteront d’avantages directs liés au programme, qui entraînera aussi la
mise en place d’un pôle créatif dans la communauté, lequel deviendra une source
d’inspiration et aura un effet boule de neige, tout en contribuant à la solidarité de la
communauté.
En outre, ce projet se distingue parce qu’il s’agit d’un programme d’intervention sur le
terrain dirigé par un médecin sur place. Une attention particulière a été accordée aux
communautés locales qui ont besoin de solutions concrètes.
Ce projet sera bénéfique pour la communauté, puisqu’il stimulera l’engagement des jeunes
et les préparera à des études postsecondaires, ce qui les rendra plus autonomes sur les
plans social et économique et se traduira par une réduction des taux de suicide
LES JEUNES CONCERNÉS
Le projet ciblera les jeunes de 3e, 4e et 5e secondaire et les personnes récemment
diplômées qui ont fait part de leur intérêt à entreprendre des études postsecondaire. Il vise
à amener les jeunes à se projeter dans l’avenir en les rejoignant là où ils ont décroché et en
les aidant à reprendre le contrôle de leur vie par le développement individuel et
communautaire.
Le nombre de personnes devra être évalué et dépendra de l’évolution du projet. L’objectif
consiste à se concentrer d’abord sur une seule communauté, puis de travailler avec les
communautés voisines au fur et à mesure. Le groupe de départ du projet devrait compter
autour de 8 à 12 jeunes par phase, puis devrait s’étendre à d’autres communautés par la
suite.
MESURE DE RÉUSSITE ET MESURE DES RÉSULTATS
- Évaluation individuelle des risques de suicide fondée sur les facteurs de stress
environnementaux, l’accès à des moyens de se donner la mort et l’historique des tentatives
de suicide. - Suicidalité autodéclarée, sur une échelle de 0 à 10.
- Facteurs psychologiques et interpersonnels liés au risque de suicide, sur une échelle de 0
à 10.
Ces facteurs sont notamment le niveau de stress, la douleur émotionnelle, les pulsions
d’automutilation ou de comportement destructeur, les sentiments de désespoir, la haine de
soi, l’impression d’accablement et le manque d’appartenance. S’ajoutent à cela des
mesures fondées sur l’adaptation culturelle, notamment l’ennui et l’irritabilité.
ÉCHÉANCIER
Ce projet de recherche-intervention comptera une phase de 3 à 5 ans une fois que le projet
aura reçu les fonds nécessaires pour démarrer. Il s’amorcerait avec des groupes de 8 à 12
jeunes par phase dans les communautés choisies, puis s’étendrait jusqu’à sa pleine portée.
Le développement de projets dans cette communauté autochtone s’effectue différemment
que dans les grands centres urbains, car chaque élément exige plus de temps; c’est le cas
notamment de l’embauche de personnel qualifié.
Informations
Chercheur.se principal.e
- Dre Ana Gómez-Carrillo Castro, chercheuse postdoctorale, division de psychiatrie sociale et transculturelle de l'Université McGill
Collaborateur.trices
- Dr Janique Johnson Lafleur, Université McGill
- Services sociaux, infirmières communautaires
Centre de recherche
- Centre de recherche Douglas, Université McGill
Année
2023-2024
Axe(s) de recherche
- Neurodéveloppement et santé mentale